Memotransfront - Stätten grenzüberschreitender Erinnerung
   
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Laurent Commaille

Feste Kronprinz (Groupe fortifié Driant)

Ars-sur-Moselle

Après l’alliance franco-russe de 1892–1893, l’Allemagne craint de se retrouver prise entre deux fronts. La nouvelle situation va entraîner l’élaboration de ce que l’on appela le Plan Schlieffen. Dans le nouveau dispositif, Metz devient le pivot du mouvement des troupes allemandes vers l’Ouest. La place forte doit à la fois permettre la concentration et le déplacement de gros effectifs et résister à une offensive française. C’est pourquoi, du milieu des années 90 à la Première Guerre Mondiale, le Pays Messin devient un chantier militaire de premier ordre et Metz la plus grosse forteresse du monde (70 km de périmètre fortifié). À la ceinture de forts issue de l’époque de Napoléon III et complétée sous le Reich bismarckien, s’en ajoute une deuxième constituée de forts détachés de conception nouvelle. L’utilisation des obus à la mélinite (depuis 1885) et l’augmentation régulière de la puissance de l’artillerie rendent obsolète les forts construits auparavant. Les « Festen » construites autour de Metz prennent en compte les progrès techniques militaires, autant en ce qui concerne la puissance de feu des canons que des techniques de construction (utilisation du béton armé). Elles sont conçues comme un ensemble de batteries d’artillerie organisées autour d’un ouvrage central servant de caserne et d’état-major et auquel elles sont reliées par souterrains et téléphone. Les batteries sont placées dans des ouvrages bétonnés adoptant un profil qui épouse au maximum la forme du terrain où elles sont situées. Les canons sont montés dans des coupoles pivotantes en blindage d’acier. La dispersion des batteries, leur profil, leur camouflage en font des cibles très difficiles à atteindre. Des réseaux de barbelés et des nids de mitrailleuses interdisent l’approche de l’ouvrage. Contrairement aux forts de la génération précédente, les Festen occupent une surface importante : 144 ha pour la Feste Kronprinz. Cette dernière fut mise en chantier en 1899. Conjointement avec la Feste Graf Haeseler, sa mission est de contrôler la vallée de la Moselle en amont d’Ars-sur-Moselle. La forteresse de Metz ne joua aucun rôle direct dans les combats de la Première Guerre Mondiale. En revanche, leur conception intéressa vivement le Génie français après 1918 qui, s’il critiqua la qualité du béton allemand, s’inspira des principes de dispersion des pièces d’artillerie, très différents de ceux qui avaient prévalu dans la construction des forts de Douaumont ou de Vaux autour de Verdun. D’une certaine manière, les Festen concoururent à la réalisation de la ligne Maginot. En 1935, un film est tourné dans la Feste Kronprinz, rebaptisée « Groupe fortifié Driant », en l’honneur du héros de Verdun, pour montrer aux Français ce qu’est la ligne Maginot !

C’est en 1944 finalement que les forts se retrouveront en première ligne. Le 10 septembre 1944, les troupes américaines arrivent au contact de la ceinture fortifiée de Metz. Le 27 septembre une attaque est lancée contre la Feste Kronprinz défendue par un bataillon d’élèves-officiers, vétérans du front. Malgré la faiblesse de l’équipement du fort, l’attaque échoue et les Américains, considérant que les pertes risquent d’être trop lourdes, décident de l’isoler et de le pilonner jusqu’à la reddition de ses défenseurs. Ce n’est que le 8 décembre 1944 que se rend la garnison.

 

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Memotransfront - Stätten grenzüberschreitender Erinnerung Rainer Hudemann unter Mitarbeit von Marcus Hahn, Gerhild Krebs und Johannes Großmann (Hg.): Stätten grenzüberschreitender Erinnerung – Spuren der Vernetzung des Saar-Lor-Lux-Raumes im 19. und 20. Jahrhundert. Lieux de la mémoire transfrontalière – Traces et réseaux dans l’espace Sarre-Lor-Lux aux 19e et 20e siècles, Saarbrücken 2002, 3., technisch überarbeitete Auflage 2009. Publiziert als CD-ROM sowie im Internet unter www.memotransfront.uni-saarland.de.