Memotransfront - Stätten grenzüberschreitender Erinnerung
   
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Laurent Commaille

Cité d’Hagondange

La cité d’Hagondange est l’une des plus remarquables réalisations, en matière de cités ouvrières, de la région. Lorsque Thyssen décide de construire une usine sidérurgique intégrée à Hagondange, la localité n’est qu’un petit bourg inapte à accueillir la population ouvrière de l’énorme usine projetée. D’autre part, le bassin sidérurgique, en plein décollage industriel, ne peut fournir la main-d’œuvre nécessaire. Il faut pouvoir faire venir les ouvriers d’ailleurs et pour ce, à l’instar des autres entreprises, être capable de les loger. Thyssen, dans un contexte fortement concurrentiel (on parle de la venue prochaine de Krupp), décide de construire une cité ouvrière exemplaire en même temps que le complexe sidérurgique. La construction commence dès 1910. Les premières maisons, provisoires sont en bois, mais possèdent déjà les volumes des futures constructions. En septembre 1911, 103 maisons sont construites et 79 déjà habitées. En 1919, la « Colonie » abrite 2750 personnes dans 617 logements répartis en 248 maisons. La cité est un modèle du genre. Elle combine à la fois les progrès de la construction et l’application des théories urbanistiques en vogue en Allemagne. Toutes les maisons sont dotées de toilettes intérieures, ce qui est un progrès sensible dans l’habitat. Toutes ont l’eau courante et l’électricité, ce qui n’est pas le cas de bien de logements urbains. Les ouvertures sont importantes. D’autre part, 52 maisons sont chauffées par l’eau chaude fournie par les économiseurs de la station centrale des turbines à vapeur, avec un circuit d’alimentation atteignant 2 km de long. Conformément aux idées de Camillo Sitte, un véritable paysage « urbain » est édifié. On a fait en sorte que les voies ne soient pas trop longues et ne se perdent pas dans l’infini. Au contraire, elles débouchent sur d’autres artères, légèrement en diagonale afin d’obtenir des effets de perspective urbaine. Dans cet esprit, afin d’éviter aussi la monotonie des cités modernes créées ex-nihilo, des rues sont légèrement courbes. Les théories sur la séparation des flux voient ici un début d’application, des cheminements piétons ont été spécialement créés. Des espaces de jeux, sans finalité utilitaire, font leur apparition. Compte tenu de l’importance des espaces laissés à la végétation (parc des maisons des cadres et jardins ouvriers) et des remarques précédentes, on peut dire que l’esprit des cités-jardins continentales se retrouve ici. Construite à l’orée d’un petit bois, la cité est d’ailleurs baptisée « Waldheim ».

D’autre part, l’architecture, avec un côté assez « allemand », où les goûts de l’historicisme wilhelminien sont manifestes (rupture des pentes des toits, frontons inspirés du baroque allemand etc.), participe nettement de la germanisation du paysage et se différencie totalement des édifices traditionnels de la région, beaucoup plus que dans les cités précédentes, même édifiées par des entreprises du Reich. Thyssen donne l’impression d’avoir essayé de réaliser à Hagondange sa propre « Margarethenhöhe ».

 

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Memotransfront - Stätten grenzüberschreitender Erinnerung Rainer Hudemann unter Mitarbeit von Marcus Hahn, Gerhild Krebs und Johannes Großmann (Hg.): Stätten grenzüberschreitender Erinnerung – Spuren der Vernetzung des Saar-Lor-Lux-Raumes im 19. und 20. Jahrhundert. Lieux de la mémoire transfrontalière – Traces et réseaux dans l’espace Sarre-Lor-Lux aux 19e et 20e siècles, Saarbrücken 2002, 3., technisch überarbeitete Auflage 2009. Publiziert als CD-ROM sowie im Internet unter www.memotransfront.uni-saarland.de.