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François RothLe Souvenir Français en LorraineSociété patriotique fondée en 1887 à Paris par Xavier Niessen, un Alsacien, originaire de Sarre-Union et dont le but était d’honorer les soldats tombés en 1870–1871 et de leur offrir une sépulture décente. Une société filiale, L’Œuvre des Tombes, s’en occupait plus spécialement. Jusqu’en 1907, le Souvenir Français auquel adhèrent surtout des anciens combattants, des anciens officiers et des originaires des provinces perdues, a eu une activité exclusivement sur le territoire français, par exemple à Mars-la-Tour. Il est représenté dans 81 départements. Le lien entre Le Souvenir Français et les mouvements nationalistes divers, en particulier la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède, devrait être établi avec précision. En 1907, le Souvenir Français, tirant partie d’une législation plus libérale sur les associations désormais applicable en Alsace-Lorraine, essaime dans la Terre d’Empire et le 1er avril 1907 est fondé une première section du Souvenir français sous l’impulsion de Jean-Pierre Jean, un lithographe du journal Le Messin, originaire du village de Vallières (aujourd’hui incorporé dans la ville de Metz) où, pendant le siège de 1870, avaient séjourné dans des maisons ou des tentes plusieurs unités françaises. En l’espace de quelques mois, une vingtaine de sections sont créées en Lorraine et sous l’impulsion de Jean-Pierre Jean est fondé un comité pour ériger un monument aux morts à Noisseville. À contrecœur les autorités allemandes donnent l’autorisation : une souscription est lancée. Le monument, confié à un sculpteur français originaire de Metz, Emmanuel Hannaux, représente « La Lorraine en deuil pleurant au pied d’un fantassin blessé ». La signification politique et culturelle de cette commémoration est évidente ; elle se manifeste au grand jour lors de l’inauguration du 4 octobre 1908 en présence d’une foule nombreuse et émue. Dans la foulée le mouvement s’étend en Alsace où est érigé l’année suivante un nouveau monument à Wissembourg. Les autorités militaires allemandes et Guillaume II sont exaspérés et envisagent la dissolution de l’association devenue le Souvenir alsacien-lorrain. La décision administrative prise en janvier 1914, est confirmée en appel. Lors de la déclaration de guerre, les animateurs des sociétés dissoutes soit s’enfuient en France soit sont arrêtés et placés en résidence surveillée en Allemagne. En 1919, le Souvenir Français reconstitue ses sections en Alsace et en Lorraine et poursuit dans le cadre national français sa fonction de société patriotique, vigilante devant le danger allemand. Il participe notamment en Lorraine à l’érection sur l’Esplanade à Metz du monument au Poilu libérateur (5 juin 1922). Avec la création du service des sépultures militaires gérées par le ministère des Anciens Combattants, le Souvenir français s’est réorienté vers des activités commémoratives et mémorielles. À partir de 1960, il a peu à peu abandonné l’hostilité à l’Allemagne qui avait été longtemps l’une de ses caractéristiques. Cette société patriotique (siège social, 9 rue de Clichy, Paris) revendique en 1987 plus de 200000 adhérents sur tout le territoire français et s’occupe des tombes militaires, des cimetières militaires et des monuments commémoratifs ; elle participe dans la discrétion aux cérémonies patriotiques, plutôt en retrait des médias et des générations nouvelles. Pour en savoir plusBadel, Émile, Dix ans de Souvenir français en Lorraine, Nancy 1907. Jean, Jean-Pierre, Le Livre d’0r du Souvenir Français. Lorraine, Alsace, Luxembourg, Lorraine Sarroise, Metz 1929. Roth, François, Le Souvenir Français en Lorraine annexée, in : Mémoires de l’Académie nationale de Metz 1974. Centenaire du Souvenir français, 1887–1987, Paris 1987.
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